Le problème n’est pas de savoir si on veut sauver les abeilles contre la betterave ou sauver la betterave en tuant les abeilles, le problème c’est la biodiversité que nous sommes par nos comportement en train d’assassiner.
Une partie des agriculteurs (les plus gros !) a prit le parti de contrôler chimiquement la totalité de leur production, le glyphosate élimine toute la végétation avant de planter, les insecticides, fongicides sont fournis par enrobage des graines. Ces produits se retrouvent à tous les niveaux du végétal de la racine au bout des feuilles ou des fleurs. Le pire est que le sol conserve ces produits, ceci est vérifié puisqu’on interdit de cultiver une plante mellifère derrière une plante traitée aux néonicotinoïdes. On peut même retrouver dans les nappes phréatiques et les rivières ces produits puisqu’ils sont rejetés par les drainages dont le rejet n’est pas contrôlé.
Malheureusement les produits utilisés sont de perturbateurs endocriniens. Ils atteignent les centres nerveux de l’abeille qui nous montre le danger, mais le danger est aussi pour les personnes. Les perturbateurs endocriniens ont une grande part de responsabilité dans les maladies de Parkinson, les lymphomes, les hyperthyroïdies et certains cancers. On dit l’abeille sentinelle de l’environnement elle nous prévient de ces dangers.
Il est clair que nous avons perdu 70% de nos insectes, sans les insectes nous ne pourrions plus vivre ! des plaines où on ne trouve qu’une seule variété de végétal, c’est une atteinte à la biodiversité. Les insectes trouvent des ressources sur les pissenlits, le trèfle, les aubépines … mais quand il n’y a plus de haies et des champs de blé, maïs ou betteraves à perte de vue. C’est le contraire de la biodiversité ! si l’on ajoute à cela que les champs sont travaillés avec des engins de plus en plus lourds c’est le tassement des sols et la perte de l’humus. L’utilisation des pesticides a surtout contribué à concentrer des exploitations dont les dimensions sont de plus en plus grandes 1000, 1300 ha ! cela représente le cumul de 5 à 6 fermes qui étaient considérées comme importantes dans les années 70.
Il est certain que revenir en arrière pose problèmes aux grosses exploitations agricoles. Il est normal que l’interdiction des néonicotinoïdes ait un cout et provoque une baisse de production, ceux qui ont choisi le chemin vertueux de la culture biologique le savent. Mais revenir sur cette interdiction c’est admettre que la santé n’est pas prioritaire, c’est admettre que l’on ne veut pas sauver la biodiversité, Il ne s’agit pas d’un an ou deux, l’exemple du Glyphosate est parlant on reporte d’année en année sa suppression jusqu’à trouver un autre produit basé sur une autre molécules tout aussi dangereuse. Il faudrait sauver la betterave demandent-ils mais déjà les producteurs de maïs en demandent autant.
Nous apiculteurs professionnels, apiculteur solidaires, apiculteurs de loisirs, nous poursuivons nos efforts pour maintenir au bénéfice de tous un capital de pollinisation, une production de miel dont le marché est déficitaire en France. Devons nous continuer à nous battre quand nos efforts ne sont pas considérés, quand un matin, on arrive dans un rucher et que nous constatons la mort de nos abeilles quel désespoir Jusqu’à quand ?
Merci aux agriculteurs Bio avec lesquels nous pouvons travailler et je rêve qu’enfin apiculteurs et agriculteurs se comprennent pour le bien de tous, c’est certainement possible.
Gérard Bernheim
Président de la Fédération des syndicats apicoles